vendredi 8 janvier 2021

Adam et Ève : les serpents

« Tu fais chier l’Homme, ma grosse », rouspète-t-il en passant la porte. Couvert de chair, de sang, de boyasses et d’autres choses peu racontables, le bellâtre se rue jusqu’à la cascade intérieure pour se glisser sous l’eau fraîche. Pestant, empestant, tempêtant, il claironne : « Je sais que t’as pas inventé l’eau tiède, mais de là à rien comprendre à ce point… »

« Mais ils en ont une comme un bras. Je ne peux pas résister ! », argue sa compagne, légèrement déconfite, un vague sourire de contentement aux lèvres.

« Baiser les géants, c’est niet ! Tu n’as qu’une seule règle à suivre et c’est déjà trop. Putain, Lilith, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Une larme perle à son œil gauche (le meilleur), se mêlant à l’eau tombant drue.

« Faut toujours que t’en rajoutes. T’es un vrai comédien… J’ai l’esprit d’aventure, c’est quand même pas ma faute ! Quand je vois ces gros zobs dodeliner devant moi, ça me porte aux sens, c’est humain, non ? »

Ce dialogue a malheureusement été censuré de la Bible. Il y était à l'origine, je le jure ! C'est en Araméen de Bethléem, à droite en sortant de l'ascenseur. Tu parles ça, toi ? Alors ta gueule bordel ! Toujours à venir regimber. Tu vas foutre le bordel chez les politicards parce que tu paies plus d'impôts que ceux qui font des millions par mois ? Sérieusement…

Donc c'est écrit que le jardin d'Eden était protégé par des géants. Qui sait, peut-être des dinosaures ? Quelques T-rex pour protéger les alentours, ça doit assurer, nan ?

Et t'as capté pourquoi le serpent ? Le bon gros serpent qui s'allonge quand tu remues les miches, ma chérie. Et cette pauvre Ève qui ne pouvait pas résister, vu que la morale, à cette époque, hein ! L'église n'était pas encore passée par là.

Mais ça ne faisait pas les affaires d'Adam. Il était monté normal, lui. Il n'avait pas d'aubergine à proposer. Il avait l'impression de se balader dans le Gouffre de Padirac, le gonzier. Du coup il rêvait du temps avec Lilith. C'est sûr qu'elle était indépendante, intelligente, sur un pied d'égalité avec lui, mais au moins elle n'était pas obnubilée par les gros serpents à portée de main (et bien d'autres choses).

Mais que veux-tu : les voies du Seigneur sont impénétrables, elles. Et il fallait bien qu'il fasse tourner l'usine. Enfin… on capte mieux pourquoi Caïn et Abel, les deux premiers fils, se sont comportés comme des voyous ! 

Boni pastoris est tondere pecus, non deglubere



Esclave ! Espèce d’esclave ! Tête d’esclave ! Tu crois quoi, gars ? Qu’on a plus de liberté de nos jours ? que comme t’as pas de maître qui te fouette pour te faire avancer ? Que t’as du libre arbitre ?
Banquiers. Assureurs. Politicards. Militaro-industriels. T’es couvert, t’inquiète. Contente-toi de mater la téloche, de jouer sur ton portable, d’aller grailler un burger et t’es bon, pas de pet. Dors bien. Du sommeil du juste. Fais bien caca, surtout, c’est essentiel. Fais des gosses, des fois qu’il faille du troufion (et puis faut refaire les stocks des curetons. Ils les aiment jeunes. Et frais). T'as le cerveau branché sur la pub’. Tu t'enfiles de la malbouffe à pleins tonneaux. Les jeux rythment ta vie.

Comment justifier qu’ils aient le pouvoir s’ils ne l’ont que sur les autres ? Ces classes dominantes ne peuvent survivre que par l’autre.

Mais le véritable pouvoir n’est-il pas celui exercé sur soi-même ? Les forts dépendent des faibles. Le héros n’existe que par la foule qui bave à ses pieds.
J'ai l'impression qu'on arrive à un tournant majeur. Peut-être parce que je vieillis. Les choses me semblent un peu lugubres et les élites semblent proches d'essayer un truc vraiment mauvais. On arrive à la fin d'un cycle et souvent, ça part grave en sucette. Mate un peu l'histoire et tu verras.

Enfin, fais ce que voudras, comme disait l’autre. N'oublie quand même pas que les types au pouvoir, ils se chient dessus eux aussi. Ils ont l'air de tout bien maîtriser, mais ça improvise à bloc. Donc faites tout péter un bon coup, merde ! Allez au bout des choses. Arrêtez de vous tailler des pipes l’un l’autre et revenons aux bons vieux conflits d’antan. Comme le disaient des troubadours, autrefois : « Mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ? »

J’entends déjà les cris demandant de mettre le holà. Appel à la haine. Feu aux poudres. Bien-pensance de mes couilles. J’en ai rien à secouer, pour être honnête. Moi, j’pars à hue et à dia. Je donne la curée. Les bas morceaux, je raffole. Le pilori, ce serait déjà une récompense.

Ou alors faut stopper la parlote. Moi, j'suis une larve et je ne fais pas grand chose, mais je la ramène pas. Enfin, je la ramenais pas. Imagine que ce blog commence à être lu. Va falloir que je me sorte les doigts. On n'en est pas là, fort heureusement.

Ah, quelle époque ! Au moins, à Rome, c’était moins faux-cul. Celui qui aura les couilles de réinventer les combats de gladiateurs et les carnages par animaux interposés, je lui promets un bel avenir !